Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/159

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Justine. — Il y a aussi les cléricaux

Balivet. — Parfaitement ! Il y a même les clairs de lune, mais cela n’a pas de rapport. Eh ! bien, moi, je suis clerc de notaire.

Justine. — Oui, enfin, vous êtes clerc, c’est clair !… Vous n’avez pas froid ?

Balivet. — Non, cela sèche ! Donc, comme clerc de notaire, j’ai été envoyé à Courbevoie pour faire un inventaire chez une cocotte que l’on veut saisir. Vous savez ce que c’est d’être saisi ?

Justine. — Oh ! Monsieur Balivet, vous n’êtes pas convenable !

Balivet. — T’es bête ! Etre saisie, cela veut dire… être saisie. Saisissez-vous ?

Justine. — Ah ! très bien !… fallait donc le dire.

Balivet. — Tiens ! je croyais vous l’avoir dit ! Enfin, cet inventaire doit être fait sans retard, car les cocottes… cela déménage à la cloche de bois… Je passais donc devant la grille, me rendant chez cette dame… J’ai entendu votre voix ; je me suis dit : "C’est elle ! " je n’ai fait qu’un bond ! Je me suis faufilé jusqu’ici, et je suis arrivé juste à temps…

Justine. — Pour recevoir le baquet

Balivet. — Ah ! il m’a paru doux, lancé par la main des grâces.

Justine. — Ah ! bien, dites donc pas plus grasse que vous !

Balivet. — Atchum ! Pristi, cela perce.

Justine. — Tiens, vous vous enrhumez.

Balivet. — Oui… oui… je… Atchum ! Ah ! Dieu me bénisse ! Merci.

Justine. — Comment ? Dieu vous bénisse !

Balivet. — Oui, quand on ne me le dit pas, je me le dis moi-même. Atchum ! Ah ! encore !

Justine. — Eh bien, à vos souhaits !

Balivet. — A mes souhaits, as-tu dit ?

Justine. — Eh bien, oui. Est-ce que j’ai dit quelque chose de mal ?

Balivet. — A mes souhaits. Sais-tu quels sont mes souhaits ? Je veux t’avoir à moi tout seul, le matin, le soir, la nuit, le jour, à midi, à une heure et tout le reste du temps. Hein ! qu’en dis-tu ?

Justine. — Je dis… Je dis que vous seriez collant.

Balivet. — Comme un maillot… Mais d’un collant