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Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/165

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Adèle. — Blanquette ! elle est déjà arrivée…

Balivet. — Ah ! ça, pourquoi diable m’appellent-ils toujours Blanquette.

Veauluisant (à Adèle). — Eh bien ? Comment la trouves-tu ?

Adèle. — Oui… elle me paraît solide.

Justine (à part). — Comment ! Elle aussi, elle gobe ?

Veauluisant (lui prenant le menton). — Et une jolie petite frimousse, tient, ça pique.

Balivet (à part). — Sapristi ! je n’ai pas fait ma barbe. (Haut.) En Bourgogne, nous piquons toutes… c’est un signe de force.

Médard (galant). — Et puis il n’y a pas de roses sans épines…

Justine (à part). — Quel imbécile !…

Veauluisant. — Ah ! à propos, vous avez votre certificat ?

Balivet. — Quel certificat ?

Adèle. — Eh bien ! votre certificat de rosière…

Balivet. — Rosière ! moi ?

Justine (à part). Rosière ! il ne pourrait pas être que rosier ! Ah ! non ! ils sont pouffants.

Veauluisant. — Vous ne l’avez pas apporté… Enfin, ça ne fait rien. (A Justine.) Justine ! une cuillère…

Justine. — Pour quoi faire ?…

Veauluisant. — Eh bien ! pour goûter son lait.

(Justine rentre premier plan fond droite.)

Balivet. — Hein ?

Médard. — C’est ça, goûtons, Monsieur !

Balivet. — Goûter à mon lait !

Veauluisant. — A moins que vous ne préfériez que j’y goûte à même.

Médard. — C’est ça ! pas de cuiller, à même, ça vaut mieux. Chacun d’un côté…

Balivet. Ah ! mais ! voulez-vous bien me laisser !

Justine. — Ah ! bien ! bon appétit ! ’(à part) S’ils n’ont que ça pour déjeuner !

Adèle. — Mais non, mon ami, laisse-la donc cette fille… D’abord, après un voyage, on ne peut pas juger… le lait a été agité…

Veauluisant. — C’est vrai… le lait agité, ça devient du beurre… il doit être en beurre. Du reste, c’est inutile. Vous êtes bien constituée… votre santé me paraît robuste… nous vous prenons.