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Page:Feydeau - Théâtre complet IV (extraits), 1995.djvu/175

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Balivet (à part). — Qu’est-ce qu’il a à me regarder comme ça ?

Médard (à part). — Ah ! ma foi, tant pis, je me lance ! (Haut) Mam’zelle…

Balivet (à part). — On dirait qu’il me fait de l’œil !

Médard. — Mam’zelle Blanquette ! (il lui porte une botte).

Balivet. — Eh bien ? Qu’est-ce qui vous prend ?

Médard. — Votre cœur ne vous dit rien ? (il lui porte une nouvelle botte).

Balivet (à part). — Ah ! ça ! C’est un maître d’armes ! (haut) Qu’est-ce que vous avez ?

Médard. — Ce que j’ai ? J’ai que je ne peux plus me taire, il faut que j’éclate !

Balivet. — Hein ? Vous êtes chargé ?

Médard. — Enfin ! je suis bête ! idiot !

Balivet. — Ça se voit !

Médard. — Mon cœur n’a pu rester insensible à tant de charmes… je vous aime.

Balivet. — Comment ?

Médard. — J’ai été jusqu’à vous faire des vers : les voilà ! vous les lirez !

Balivet. — Des vers ! à moi ?

Médard. — Oui, je suis devenu poète pour vous. Ah ! c’est que vous ne savez pas jusqu’où va mon amour. Mais ne craignez rien, c’est pour le bon motif… Je viens vous offrir mon nom…

Balivet (à part). — Il aime les nourrices !

Médard. — Vous vous taisez ! vous n’en voulez pas ?

Balivet (à part). — Ah ! mais il m’ennuie !

Médard. — Blanquette !

Balivet. — Zut !

Médard. — Ah ! Blanquette ! Votre main ! accordez-moi votre main !

Balivet. — Ah ! quelle scie ! (lui donnant un coup de pied) Tiens, prends ! (il prend les seaux et remonte au fond)

Médard. — Mais c’est pas votre main… c’est votre pied… il y a maldonne. (le suit) Voyons, Blanquette !

Balivet. — Ah ! mais, vous m’agacez, à la fin !

Médard (il lui prend la taille). — Ma petite Blanquette !… votre main !

Balivet (le giflant). — Eh bien ! tiens ! la voilà ma main ! a-t-on jamais vu ! (sort.).