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Le Portrait


Quand des amours défunts mon luth veut s’inspirer,
Captif dans cette chambre où tout me parle d’
elle,
J’admire son portrait qui semble respirer
Et l’image en mon cœur évoque le modèle.

Nul peintre ne traça d’esquisse plus fidèle ;
Pour tromper le regard tout paraît conspirer :
L’œil vous suit en tous lieux & darde une étincelle,
Les lèvres vont s’ouvrir, le sein va soupirer !…

Dans l’extase charmante où cette erreur me plonge,
Par un effet d’optique, il me semble la voir
Pour descendre vers moi sortir du cadre noir.

Alors sur le portrait mon baiser se prolonge
Et j’espère, en entrant dans mon premier sommeil,
Qu’elle va me le rendre en un songe vermeil.