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xxi

Sortilège


Syrène aux traits menteurs, ton profil ravissant
Emprunte la candeur des fronts les plus novices ;
Tu m’as environné de tes vils artifices
Et mon cœur a cédé sous ton charme puissant.

En vain je voulus fuir ton coup d’œil trop perçant :
— Tu l’adoucis. Captif de tes grâces factices
En vain je secouai le joug de tes caprices :
— Tu pris toute ma force & taris tout mon sang.

Tu vainquis… Je roulai dans la spirale ardente :
Mon regard s’obscurcit & ma bouche imprudente
But le feu de l’enfer sur tes lèvres resté.

Six mois je m’enivrai de tes philtres étranges,
Et six mois je crus voir le plus pur des archanges
Dans le plus noir démon que l’abîme ait porté.