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barie. Ils n’auraient pas tort s’ils pouvaient seulement reconnaître la raison sous une autre forme. La partie de leur vie qui est déterminée par cette dernière, est tout autre que si elle était une conséquence de leurs maximes ; en cela ils ne ressemblent pas au portrait que nous avons tracé. Ils en appellent à l’inconséquence ; eh bien ! nous voulons aussi leur laisser cet avantage.

Ce qui résulte clairement de leurs maximes est tel que nous l’avons décrit. Plus l’unité est évidente, plus une peinture est ressemblante ; plus l’homme est de condition élevée, plus il est vieux, et plus il est méchant : ce qui est bon ne se rencontre que chez les hommes du commun, et chez les jeunes gens. Il en résulte encore le phénomène suivant : On a observé que dans les jours de péril, d’embarras et de trouble, les hommes sont bien plus méchants qu’à l’ordinaire. Je crois pouvoir expliquer la cause de ce phénomène. Dans les temps heureux ils pensent peu ou point à eux mêmes, et se laissent aller ; tel est l’instinct et l’élément bienfaisant de la sociabilité. Dans le danger ils délibèrent, se replient sur eux-mêmes, deviennent circonspects ; leur présence d’esprit ne peut leur offrir que les maximes de l’intérêt le plus vulgaire, parce qu’une seule époque de leur vie est parvenue à leurs sens.