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EXAMEN DE L’OPINION DE ROUSSEAU

principes. Par quoi était-il poussé à agir, sinon par un instinct de son cœur? S’il avait examiné cet instinct, s’il l’avait associé à ce qui le jeta dans l’erreur, l’unité et l’harmonie auraient paru dans sa vie et dans ses pensées. Si nous expliquons la première de ces contradictions, nous aurons aussi l’explication de la seconde ;le point où l’une s’écarte de cet instinct vrai est précisément le point d’où l’autre s’en écarte aussi. Nous trouverons ce point; nous résoudrons la contradiction ; nous comprendrons Rousseau mieux qu’il ne s’est compris lui-même, et nous le métrons en parfait accord et avec lui-même et avec nous.

Par quoi Rousseau a-t-il pu être porté à ce singulier principe, principe déjà soutenu par d’autres avant lui, mais en général opposé à l’opinion commune? L’avait-il déduit logiquement de quelque principe plus élevé? Non;Rousseau n’a pénétré d’aucun côté jusqu’aux principes de la connaissance humaine, il ne paraît pas même s’en être posé la question. Ce qui est vrai pour lui se fonde immédiatement sur son sentiment; aussi ce qu’il sait a les défauts de toutes les connaissances qui se basent sur un sentiment non développé, c’est-à-dire que ce qu’il sait est en partie incertain, puisqu’on ne peut jamais rendre un compté exact