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ÉPREUVES MATERNELLES

Denise s’agitait dans sa cuisine, tout en pensant à sa visiteuse dont elle ignorait le nom. Mais ce qui la charmait, c’est qu’elle ne la connaissait pas.

On se plaça à table. Devant un couvert élégamment dressé, éclairé par quelques fleurs, les maîtres de la maison et leur invitée prirent place.

Cette dernière adressa de délicats compliments à son amie sur sa façon de recevoir.

M. Rougeard ajouta :

— Le déjeuner sera mieux encore.

Denise entra pour le premier service, et son maître lui dit :

— Marie, quand Madame Pamadol se sera servie, vous m’apporterez la bouteille de vin que j’ai posée dans l’office.

Denise ne pouvait plus faire un pas. En apprenant ce nom, une émotion terrible l’avait envahie.

Cette dame était-elle la femme du docteur Pamadol qui la soignait, elle et ses enfants ? C’était un homme si bon, si dévoué. Souvent, elle avait rempli sa voiture de fleurs, pour sa femme qu’elle ne connaissait pas. Et aujourd’hui, elle se trouvait en présence de cette similitude de nom.

Mme Rougeard, remarquant son immobilité et sa pâleur soudaine, lui demanda :

— Vous êtes souffrante, Marie ?

— Non, Madame, parvint à articuler Denise.

Elle sortit de la salle et arrivée dans sa cuisine elle ne put que tomber sur une chaise sans pouvoir rassembler deux idées. Tout un monde de souvenirs assaillait son esprit.

Pendant qu’elle se livrait à ses pensées, Mme Pamadol disait à son amie :

— Tu as là une servante bien distinguée. Son aspect m’a frappée dès qu’elle a ouvert la porte.

— Ah ! n’aiguillez pas ma femme sur cette voie, intervint en riant l’ancien magistrat, vous allez entendre toutes les hypothèses qui nous enfièvrent au sujet de cette inconnue.

— C’est donc une énigme ? questionna l’invitée en souriant.

Madame Rougeard raconta ce qu’elle croyait savoir et Mme Pamadol se rallia à ses déductions.

Denise rentra et la conversation s’arrêta.

Pour la ranimer, il fut question d’une exposition