III
Denise comprenait qu’elle franchissait un nouveau cycle de douleur. Elle croyait vivre dans un tombeau. Tout était noir autour d’elle.
Il lui semblait que son mari devenait de plus en plus sarcastique et la forçait à recevoir davantage comme s’il voulait l’étourdir.
De temps à autre, il lui disait :
— Qu’avez-vous ? il ne faudrait cependant pas vous donner l’aspect d’une victime.
Il la persiflait, mais elle ne répondait pas.
Les souffles de fermeté qui l’animaient précédemment s’envolaient, et elle était redevenue silencieuse et grave.
Elle n’avait plus de nouvelles de son frère et plus les jours passaient, plus elle s’enfonçait dans sa souffrance.
Madame Zode faisait de vains efforts pour reconquérir une place de confidente. Denise ne lui parlait que rarement, se contentant des mots indispensables à leur vie en commun.
Le visage de la jeune femme portait l’empreinte de l’effort douloureux qu’elle accomplissait pour cacher tout ce qu’elle ressentait, et souvent ses relations mondaines remarquaient sa pâleur. Une nouvelle énergie la secouait alors et, pour quelques minutes, elle revêtait le masque conventionnel auquel elle était obligée.
Naturellement, cette sérénité factice ne résistait pas longtemps et malgré sa volonté, son mari finit par s’apercevoir de ses gestes lassés, de son maintien accablé, dès qu’elle se croyait à l’abri de tout regard.
Il la questionna :
— Qu’est-ce qui vous tourmente ? Il y a quelque temps, vous me teniez tête, et maintenant vous affectez un air mourant. Tout le monde prétend que vous changez physiquement et que je dois veiller sur votre santé.