Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rect n’eût quelque propension à les mal juger, et ce souci pesait un peu sur sa dignité.

Cependant, ce fut avec force sourires que ces demoiselles se quittèrent et se donnèrent rendez-vous le lendemain à la même heure, au musée.

Le jeune homme, lui, s’en allait paisiblement dans les rues de la ville.

Naturellement, il songeait aux trois jeunes filles qui avaient envahi la salle où il copiait la fresque de Michel-Ange. Il avait admiré leur grâce et leur élégance et s’était retenu pour leur parler et même pour leur inculquer quelques notions de dessin pratique.

Mais, à la réflexion, il s’était dit qu’il valait mieux ne pas paraître aussi zélé et que la réserve était la seule manière de rester indépendant.

Il avait deviné leurs intentions et avait ouï parler des mœurs provinciales. Il savait qu’il devait éveiller la curiosité.

Quand on passe, étranger, dans les rues d’une petite préfecture, on sait que mille yeux vous épient et que les cerveaux se posent une question :

« Qui est celui-ci ? »

Or, l’inconnu était fort discret. Nullement semblable aux trois jeunes filles, il ne se sentait pas du tout le désir d’étaler sa personnalité et il vivait solitaire, jouissant des attraits de la ville sans livrer son nom.

S’il soulevait des commentaires, il ne s’en doutait pas. n’ayant pas une connaissance assez approfondie de l’oisiveté provinciale qui cherche un aliment.

Mai était délicieux. Le ciel bleu étincelait sous un soleil amical.

Les roses naissaient dans les jardins et les chants des oiseaux se mêlaient