Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/12

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aux rires des enfants qui s’ébattaient, à l’air.

Tout paraissait doux et vivant.

Une allégresse entraînait le jeune homme. La vie le fascinait et il souriait tout en marchant. Sa robuste souplesse se retenait pour ne pas courir, afin de disperser sa force dans l’atmosphère renouvelée.

Il pensait aux trois jeunes filles. Leur air malicieux l’enchantait. La nonchalante Cécile, avec ses yeux d’Espagnole était à retenir avec sa peau dorée, où le regard apportait une lueur vive. Il avait beaucoup remarqué les cheveux noirs aux ondulations naturelles.

Roberte Célert n’était pas moins restée dans sa mémoire, avec son gracieux embonpoint de blonde fraîche. Ses yeux bleus, avec leur expression tendre, réalisaient un Greuze partait. Quant à Louise Darleul, sa vivacité, sa langue alerte, ses yeux gris largement ouverts, l’amusaient.

C’était elle qui menait le train, qui avait jeté, dans la salle austère, les prénoms de ses compagnes avec la situation des pères.

« Jeunes filles à marier », murmurait l’inconnu, avec un sourire intérieur. Il les évoquait avec indulgence, n’étant pas de ces jeunes hommes qui voient dans les jeunes filles la proie à mystifier. Il savait qu’elles possédaient des illusions, qu’elles entretenaient des rêves et que leur ambition était de se marier, but de leur existence.

Il comprenait ces choses et les approuvait.

Qui rêverait, si ce n’est une jeune fille ? Qui croirait au bien, au beau et à la facilité de vivre, si ce n’était cette fleur qui s’élance dans la lumière avec ardeur ?