Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/113

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cruauté qu’exerçait la désespérance, mais son émoi restait riant.

La jeune fille était alarmée et elle aurait voulu insuffler de l’espoir à celui qu’elle venait de condamner à la souffrance.

Seule. Mlle  de Saint-Armel triomphait. Elle semblait grandie, parce qu’elle s’élevait au-dessus de la race des femmes, ces faibles qui s’étalent laissées vaincre.

Armelle trouvait cet orgueil déplacé. Et, pour une des rares fois de sa vie, elle se demanda si sa tante n’avait pas tort.

Elle jeta un regard désespéré autant que suppliant au marquis. Ce dernier le reçut comme un ordre. Il baissa la tête.

Il avait cru comprendre : « Dites que ce n’est pas de ma faute… J’ai été tenue de promettre une chose que je ne connaissais pas… Savais-je que l’amour est fort et qu’il vous attire sans qu’on sache pourquoi ? »

Le marquis s’imaginait que les yeux d’Armelle recélaient ces choses.

Gontran Solvit repliait son chevalet. Son ardeur heureuse était tombée. Il n’était plus qu’un pauvre humain dont le rêve venait de s’évaporer. Il n’en restait plus trace. Il n’était pas coupable non plus de la grande faute de s’être épris d’Armelle.

L’apparition qui s’était montrée à lui, s’était imprimée dans son cœur et dans sa tête.

Il n’avait pas cherché cet événement. Tristement, il salua :

— Monsieur, je vous suis infiniment reconnaissant de m’avoir permis de prendre ces croquis.

— Ils sont toujours à votre disposition…