Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/114

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S’inclinant devant Mlle de Saint-Armel, sans un mot, devant Armelle, sans un regard, il partit.

Quand il fut hors de la portée de la voix, le marquis dit :

— Ma sœur, vous avez manqué d’urbanité. Aussi peu désirable que soit un inconnu, il faut toujours lui montrer une certaine courtoisie. Vous possédez un cœur d’or, ma sœur, quand il s’agit de crèches, d’ouvroirs, d’œuvres. mais quand vous êtes devant un particulier, vous avez non pas la bonté revêche, ce serait trop dire, mais les apparences d’un esprit non enclin à la pitié…

— Mon frère, ce sermon vient bien mal à propos en faveur de ce petit peintre…

— Peste ! un prix de Rome célèbre…

— A beau mentir qui vient de Rome !

— Ma sœur… ma sœur… votre cerveau bat une piètre monnaie pour l’instant et ce qui vient de Rome devrait vous être sacré…

— C’est vrai… j’oubliais que Rome était la résidence du Saint-Père… Je me confesserai de cette omission… Cependant, je ne reviens pas sur mon impression… Ce jeune homme me fait l’effet d’un intrigant et, de plus, je ne le crois pas d’un milieu où je serais flattée qu’on me vit…

— Ma sœur, ma chère femme n’était pas née et jamais âme plus belle ne fut au monde…

Mlle de Saint-Armel aînée se tut. Armelle écoutait cette discussion qui s’enveloppait des fleurs de la politesse. Elle ne donnait pas raison à sa tante et elle en était contrite.

Elle réfléchissait aussi à sa propre conduite. Pourquoi avoir dévoilé à cet étranger une théorie dont elle ne pen-