Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/21

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Le jeune homme se leva vivement et, en un salut d’homme du monde, il répondit aux arrivantes.

Pourquoi lui semblèrent-elles lointaines et moins agréables que la veille ?

Louise Darleul, si vive, lui parut gauche, et ses yeux gris ne possédaient plus le même reflet.

Roberte Célert avait un soupçon de vulgarité et sa blondeur était celle de tout le monde, de ce blond qui devient brun avec les années. Quant à Cécile, on ne pouvait nier sa beauté, mais, en Espagne ou dans le Midi de la France, chaque femme montrait des yeux aux prunelles de velours.

— Vous êtes déjà à l’œuvre, monsieur ? reprit Louise.

— Vous peignez joliment bien : osa dire Cécile.

— Vous me flattez ! murmura le jeune homme avec un sourire un peu ironique.

Ce sourire décontenança les trois Grâces. Elles pirouettèrent sur leurs talons et Louise déclara :

— Je vais m’installer.

Elle développa chevalet et brosses. Ses compagnes l’imitèrent.

— J’ai peut-être pris quelque chose de trop difficile pour débuter… avoua-t-elle.

Sa phrase, dite sur le ton interrogateur. s’adressait visiblement à leur compagnon.

— Que voulez-vous copier, mademoiselle ?

— Ce paysage… il serait assez facile sans… les arbres.

Ses amies éclatèrent de rire et Roberte dit :

— Aussi ai-je pris cette marine sans arbres, mais il y a un rocher.

— Et moi… ces fleurs, où il y a trop de pétales !