Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/22

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Le jeune peintre ne bougeait pas. Cependant Il les regardait, mais un visage flottait devant ses yeux et les interceptait : celui de la jeune fille vraiment blonde aux yeux violets.

Il poussa un soupir et se leva. Il comprenait que les trois apprenties sollicitaient son concours. Elles crurent qu’il partait et leurs regards désespérés convergèrent vers lui.

Il alla tranquillement près de Louise et prit sa place. Sans un mot, il redressa la colline qui menaçait de s’écrouler, enveloppa le tronc de l’arbre de branches vivantes et planta la maison au toit rouge avec habileté.

— Oh ! merci, monsieur, comme c’est bien ! Cela a vraiment l’air d’un paysage ! s’écria Louise, ravie d’avoir fait tant de progrès, sans effort et en si peu de temps.

« On voit que vous avez l’habitude, dit-elle encore.

Le jeune homme sourit.

Il prit la place de Roberte et nourrit vigoureusement la roche brune sur laquelle s’étalait parcimonieusement un peu de terre de Sienne.

La mer apparut, soudain puissante avec son bleu d’outre-mer et la vague qui battait le rocher devint un monstre hérissé d’une écume dangereuse.

— Ah ! quelle pâte ! lança Roberte, qui pensa que cette expression la sacrerait femme-peintre experte.

Le jeune homme ne fut pas frappé par ce trait de génie. Il cligna de l’œil pour comparer le modèle à la copie et il laissa la place à l’apprentie-artiste.

Cécile s’était levée de son siège, à l’avance.

Elle vit leur « professeur » qui venait vers elle et elle dit très vite :

— Je suis honteuse de mon essai.