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Temps d’insouciance, de gaité qu’Armelle n’avait pas.

Oui, mais la jeune fille ne voulait pas se marier. Elle avait toujours été sérieuse et semblait plutôt indifférente. La bonne demoiselle ne s’avisait pas que sa petite-nièce se haussait à l’unisson de ses hôtes.

Mlle de Saint-Armel en concluait que ses plaintes, au sujet du manque d’amies, étaient surtout de la curiosité. Le remords, pourtant, naissait dans le cerveau de la tante.

— Armand, dit-elle à son frère, un soir, faisons-nous bien de garder pour nous seuls notre Armelle ?

— Eh ! quoi, ma sœur, voudriez-vous la marier ?

— Oh ! que non… d’ailleurs, elle n’y tient point, et puis, vous savez qu’une pareille idée ne me viendrait pas. J’ai trop souffert pour exposer ma nièce à une semblable éventualité.

— Mais, chère Éléonore, toutes les femmes ne sont pas malheureuses. Mme de Saint-Armel, ma femme, ne s’est jamais trouvée dans une posture de martyre. Je l’aimais.

— Vous savez, mon frère, que vous faites exception… mais ce n’est point de cela que je vous veux entretenir. Il s’agit de distraire cette enfant. Faut-il lui chercher des amies ?

— C’est votre affaire.

— Trouveriez-vous bon que je choisisse quelques relations dans la ville ?

— Je n’y verrais aucun mal ! répondit en souriant le marquis.

Mlle de Saint-Armel ne fut pas plus avancée après cette conversation. Elle jugea que son frère n’était pas très bon conseiller, puisqu’il s’était mésallié. Sa femme, il est vrai, avait sa mère qui était née, mais, malgré cet