Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas à son observatoire. Elle fouillait les journaux, cherchant fiévreusement le portrait de l’homme que l’on avait en vue.

Pendant ce temps, Mlle  Roudaine, de son pas élastique et silencieux, était rentrée dans la salle, où le mystérieux étranger s’appliquait toujours à son œuvre. Elle avait sa boîte à la main et se présentait comme une élève studieuse.

— Encore bonjour, monsieur.

— Bonjour, mademoiselle !

Le joli sourire qu’eut le peintre ! La salle en fut illuminée.

Cécile développa son chevalet et, tout en accomplissant les rites nécessaires pour une longue pause, elle lança :

— Mes amies ont eu très peur.

Quand les trois jeunes filles parlaient entre elles, l’inconnu entendait parfois une phrase qui semblait s’adresser à lui, mais il n’y répondait pas.

Il pouvait ignorer qu’il était visé. Mais, dans l’occurrence, il savait qu’il était le seul interlocuteur. Il riposta donc :

— Peur… et de quoi ?

— Mais de cet assassin que l’on recherche.

— Ah ! elles le croient dans la ville ?

— Oh ! non… mais…

— Mais ?

— Elles ont cru peut-être qu’il était dans cette salle.

Les yeux se firent plus doux en prononçant cette phrase, comme s’ils attestaient : moi. je n’ai pas eu cette crainte… je sais que vous ne pouvez être qu’un jeune homme du meilleur monde.

L’inconnu ne parut pas s’émouvoir, ni de la méprise qui le confondait avec un indésirable, ni de la déclaration