Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/47

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que paraissaient contenir les regards.

Impassible, un sourire sous sa moustache, il dit joyeusement :

— Ces demoiselles ont bien de l’imagination… cela leur rendra, d’ailleurs, les meilleurs services dans leur peinture. Elles auront des trouvailles.

Ce fut tout. Cécile Roudaine espérait mieux.

Elle pensait que son partenaire, en compensation de la confiance qu’elle lui témoignait, lui ferait, à son tour, des confidences.

Maintenant, elle était tout embarrassée et commençait aussi par avoir peur. Elle se demanda soudain si vraiment il n’était pas le bandit qui faisait des dupes, et qui par son physique avantageux, trompait les jeunes filles et abusait de la crédulité des grands personnages.

Elle l’examina à la dérobée. Non, elle ne pouvait se convaincre de la duplicité d’un tel homme. Il n’était qu’un modeste peintre, venu la pour copier cette fresque de Michel-Ange, égarée dans ce musée. Elle était renommée pour sa couleur et pour l’expression d’une tête de femme hagarde sous le désespoir.

Pourquoi cachait-il son identité 7

Était-ce simplement parce qu’on ne le lui demandait pas ?

Cécile n’osait pas risquer cette question. Son audace lui semblait déjà grande et elle courbait le front en songeant à la réprobation des personnes correctes.

Elle trouva intolérable ce mutisme dans lequel le peintre s’enfermait. Elle estima même qu’il manquait de politesse. Un jeune homme a le devoir de parler à une jeune fille quand elle est en face de lui et qu'elle est belle.

Cécile connaissait le pouvoir de sa