Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/94

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Cependant, je vous avouerai que je suis aussi un artiste qui veut vivre quelques jours incognito ; le peintre Gontran Solvit…

— Solvit !… s’écria M.  de Saint-Armel, que je suis heureux de vous féliciter !

Gontran Solvit était déjà une célébrité. Prix de Rome de peinture et de sculpture. Il passait pour un peintre consciencieux dans la pleine maîtrise d’un talent hors pair.

M.  de Saint-Armel, qui s’intéressait beaucoup à la peinture, fut tout de suite en confiance. Avec une grâce qui n’appartenait qu’à lui, il sut trouver des formules élogieuses qui plurent a l’artiste par leur tournure compréhensive.

À vrai dire, le peintre était acquis à l’indulgence, car il voyait un membre de la famille de celle qu’il avait remarquée.

— Je suis venu vous voir, poursuivit le marquis, après quelques minutes de conversation, pour vous présenter mes excuses. J’ai su seulement hier soir que le chien de ma petite-nièce vous avait mordu… — Oh ! ce n’est rien du tout, monsieur…

— Mais ce taffetas gommé ?

— Uniquement pour que le bleu de Prusse ne salisse pas cette écorchure.

— Et si je pouvais vous être utile dans cette ville ?

Le jeune homme sourit légèrement, redevint sérieux, hésita, puis il se décida :

— Monsieur, vous possèdes des arbres magnifiques dans votre parc…

— En effet… des générations ont planté là…

— Et si vous vouliez m’autoriser à en prendre quelques croquis ?