Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/95

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— Ce sera un honneur pour nous, dit aimablement M. de Saint-Armel.

— Merci, monsieur !

L’enthousiasme de la réponse parut peu en accord avec le service demandé. Le marquis le considérait comme minime et il fut troublé par l’ardeur de ce remerciement. Puis, il se dit que n’étant pas artiste, il n’appréciait pas à sa valeur la rareté de ses arbres.

Il fut content de voir un jeune homme à l’accent si reconnaissant pour une sollicitation aussi simple. Il lui donna sa carte avec la faculté d’entrer quand bon lui semblerait dans le jardin enchanteur.

Gontran Solvit eut une expression rayonnante. Le marquis pensa :

« Je ne suis pas surpris que ce jeune homme ait réussi dans son art… Il possède une flamme extraordinaire. Ne dirait-on pas que mes arbres sont exceptionnels ! »

Soudain, le visage de M. de Saint-Armel eut une contraction, puis se détendit.

Amusé, il regarda le jeune artiste et se dit :

— Mais… son cœur aurait-il été mordu aussi ? Puis, il se souvint de l’attitude d’Armelle et il faillit rire tout haut devant la découverte qu’il crut faire.

Alors, en charmant gentilhomme qu’il était, il pria avec une gracieuse politesse :

— Vous me feriez le plus grand honneur en venant chez moi… J’ai quelques peintures intéressantes que le merveilleux artiste que vous êtes saura apprécier.

La joie de Gontran Solvit était indéniable, Il rayonnait littéralement.

Le marquis voyait cette attitude et