Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/162

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par l’incertitude et l’angoisse. Il se traitait de sot de s’être épris si vite de Mlle de Saint-Armel et cependant il ne pouvait en détacher son esprit.

Il se moquait de soi-même. Il avait trente ans. Bien des femmes avaient passe près de lui sans qu’aucun de leurs regards l’eût attiré.

Bien des jeunes filles complotaient de l’avoir pour mari, comme cette jolie Cécile, et il restait de glace.

Une seule avait paru, dans l’encadrement d’une porte, sans un mot, sans un sourire, avec un air fier, presque méprisant, et il avait été séduit. Il ne savait pas son nom, son rang.

Était-elle princesse, bergère ou fée ? Il ne s’était rien demande. Elle avait pris son cœur. Depuis, sa vie était peuplée. Hier, il ne vivait que pour son art. et aujourd’hui son existence s'attachait à une femme, à une frêle enfant, ignorante de la vie.

Il trouvait que tout était vain, hors ce beau visage pur et cette forme harmonieuse.

Il la revoyait partout. Au milieu des jardins fleuris, dans la vieille église, dans les rues où elle était présente et cependant invisible.

Comme une infante esclave, elle était dans sa tour, gardée par sa tante. Elle ne sortait pas seule, ainsi que les autres jeunes filles de la ville. On n’apercevait pasn au coin d’une maison, son écharpe qui flottait. Ses pieds ne foulaient pas les pavés pointus.

Et, au moment où Gontran se disait ces choses. Armelle parut devant lui, à côte de son oncle.

M. de Saint-Armel s’arrêta en souriant et sa petite-nièce l’imita. Oh ! le doux et charmant sourire. Pourquoi