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Elle écoutait Gontran et il lui semblait que toutes ses paroles étaient un chant d’amour. Il la contemplait et elle savait qu’il l’admirait. Bien que modeste, elle sentait qu’une beauté nouvelle la fleurissait. À ce moment, elle n’ignorait pas que, pour lui, elle s’élevait au-dessus de toutes les autres, et elle suppliait Dieu, pour que la confiance qu’elle avait soudain en lui durât.

Il parlait de pays superbes, de collines gracieuses, de monuments incomparables. H vantait les beaux arbres… la grâce des fleurs. Il évoquait la campagne romaine si simple et cependant toute de grandeur.

Il discourait sur ces magnificences, tout en marchant à côté du marquis de Saint-Armel qui le retenait par une question tombant sur une autre question.

Armelle voulait se souvenir de toutes ses phrases, mais elle entendait surtout l’accent de cette voix chantante qui rendait élégante toute parole.

Le calme qui glissait de cette promenade lente dilatait l’âme de la jeune fille qui eût voulu rester dans cette minute pleine de charme.

Tout avait reculé : la promesse faite à sa tante, la lutte à soutenir et son pauvre cœur à briser. Elle était à un point mort où elle ne pensait plus, où, penchée vers une perspective attrayante, elle attendait pour qu’une volonté inattendue l’y conduisit.

— Nous ne finirions pas cette conversation. cher maitre, dit le marquis, si je m’abandonnais à ma propre satisfaction… J’abuse de votre temps. Voulez-vous continuer cet entretien demain, à la maison, serez-vous libre vers 15 heures ?