Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/181

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ne cherchait pas d’où lui venait bonheur. Il le savourait en toute innocence.

Armelle le regardait de ses beaux yeux violets et lui tendit la main en lui disant à bientôt avec la plus attirante amabilité.

Mlle de Saint-Armel lui serra les doigts en adoucissant la majesté qui la caractérisait.

Quant au marquis, il subissait l'atmosphère transformée, tout en restant soi-même.

Quand il fut seul avec sa sœur, il ne put cependant s’empêcher de lui demander :

— Ah ! ça, ma sœur, voudriez-vous m’expliquer votre manière de procéder ? Je vous vois réfrigérante envers ce jeune homme d’une manière que je n’oserais qualifier d’impolie, et, subitement, vous le couvrez de fleurs et d’invites.

Avec une désinvolture toute moderne la bonne demoiselle répondit :

— Souvent femme varie.

— Eh ! je m’en aperçois ! Mais je croyais qu’à nos âges, nous devions posséder plus de solidité dans nos convictions. Avez-vous donc appris que ce jeune peintre est un prince déguisé ?

— Que nos pas ! Vous faites là le procès de mon désintéressement, mais je vous le pardonne ! Ce malheureux reste un pauvre petit brosseur de toiles. Le Prix de Rome n’est pas pour me jeter de la poudre aux yeux. A Rome, il n’est qu’une chose qui compte pour moi : notre Saint-Père.

— Tout ceci ne me renseigne pas, ma sœur, sur ce que vous ourdisses contre M. Gontran Solvit ?