Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/203

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— Qu’as-tu donc, ma pauvre chérie ?

— Ne le savez-vous pas encore, mon oncle ?

— Pas du tout…

M. Gontran Solvit est fiancé…

— Oui, avec toi…

— Nullement, mon oncle. Mes amies l’ont, rencontré avec une belle jeune fille…

— Pas possible ! murmura le marquis en ne quittant pas son ton souriant.

— Pouvez-vous ne pas être indigné, mon oncle ! moi, oubliée à ce point ! une de Saint-Armel !

— Oh ! oh ! ne prends pas les airs de ta tante, ce serait dommage… sois simple, mon petit… M. Gontran Solvit n’avait-il pas tous les droits ? Tu lui as fait entendre que tu ne voulais pas te marier… Sa conduite est défendable.

— J’ai tenu ma parole… répondit Armelle pour se justifier.

— Laquelle ?

— Celle donnée à ma tante,

— C’était l’autre qu’il fallait tenir et ne rien promettre à Mlle de Saint-Armel… Vraiment ! les femmes sont plus inconséquentes que je ne le supposais ! Je te confierai que ta tante, qui est la meilleure personne du monde, avait, étant jeune, le caractère le plus intransigeant qui fût… Il n’y avait pas moyen de la contredire sans qu’elle en appelât à Monseigneur. Son fiancé a été fort heureux de la laisser à son arsenal de convenances et de traditions aristocratiques. Alors, tu vas suivre la même route, ma petite fille ? Sois plus femme et plus fine… Dis-toi que si les hommes ont des défauts, les femmes en ont autant et que la vie est faite de concessions mutuelles.

Le sermon du marquis fut brisé là,