Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/209

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— Je ne sais ce qu’il en fera… mais, ’ moi. ma tante, il me garde.

— Il te garde ! et ton oncle ? As-tu prévenu ton oncle ?

— Il assistait à notre entretien.

— Sans protester ?

— Il semblait tout joyeux.

— C’est effroyable ! Il se laisse berner ! Les hommes n’ont pas de courage !Il ne pouvait pas jeter ce peintre dehors ?

— On aurait juré qu’il était content de le voir là,

— Tu me confonds.

— Alors, ma tante, vous concevrez combien je suis embarrassée. Je vous avais promis de rendre le mal pour le mal et j’ai échoué dans ma tentative. J’ai voulu me délier de la promesse faite à M. Gontran Solvit et je n'ai pas réussi dans mon entreprise. À quel parti m’arrêter ?

— C’est inconcevable ! On n’est plus maître de ses actes.

— Je crois, ma tante, qu'il est fort imprudent de faire des promesses inconsidérées. En somme, M. Gontran Solvit veut me forcer a exécuter la mienne, ce qui est logique, et vous tenez aussi à ce que je tienne celle a laquelle je me suis engagée envers vous. Qui cédera ?

— Lui ! Armelle pencha le front. Elle n’était plus aussi sûre que Gontran se retirerait. Il n’avait pas du tout peur de Mlle de Saint-Armel.

La jeune fille était soutenue par un espoir.

Elle dit lentement :

— Et s’il ne cédait pas ? Si j’avais devant moi un homme constant qui m’aimât vraiment ?

— Aurais-tu la naïveté de le croire ?

Armelle tressaillit. Sa tante n'avait