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leries ou à ses critiques, je serais une femme finie.

Roberte et Cécile, qui possédaient frères et sœurs, comprirent parfaitement ces paroles. Elles savaient que le respect fraternel est fragile et ne peut résister au plaisir d’une taquinerie.

Les deux amies de Louise furent exactes au rendez-vous. Munies d’un léger ouvrage féminin, elles avaient prévenu leurs mères qu’elles passeraient quelques heures chez Louise, et rien ne s’opposa à ce projet.

Elles bavardaient, fort excitées :

— Nous devons procéder nous-mêmes à une enquête, prononça Louise. Il s’agit de savoir où niche ce beau ténébreux.

— Peut-être est-il marié ? hasarda Cécile.

— Marié ! Allons donc ! sa femme l’accompagnerait de temps à autre au musée.

— Ou quand il se promène, ajouta Roberte.

— Non… non… ce jeune homme n’est pas marié, murmura rêveusement Louise. S’il l’était, il n’aurait pas cet air détaché et curieux tout à la fois, si j’ose ainsi dire. Un homme marié s’intéresse à tout ce qui passe devant ses yeux.

— C’est bien vrai, renchérit Roberte. Tous les étalages lui sont bons… vaisselle et toilette.

— Naturellement… il pense à son ménage, reprit Louise, tandis que celui-ci n’est occupé que de son art. Je dis « art », car je suppose que ses séances au musée sont employées par lui à copier quelque toile. Vous n’ignorez pas, mes chères amies, que nous possédons quelques tableaux de maitres.

Les deux interpellées restèrent muet-