Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lui ! Cet inconnu dont la vue l’avait attirée, mais qu’elle devait dédaigner parce qu’il était un homme.

Ses traits se revêtirent de froideur, alors que son cœur battait à se rompre.

Une joie la pénétrait en même temps qu’un désarroi la poussait à fuir.

Cécile parla :

— Je vous présente le cinéaste Émile Gatolat qui se repose de l’écran en peignant.

L’étranger regarda celle qui parlait et ne parut pas comprendre ce qu’elle disait, puis, se ressaisissant, il s’écria presque avec violence :

— Vous perdez la tête !

Les jeunes filles le contemplèrent effarées et confuses de cette irritation subite.

L’impassibilité habituelle de l’inconnu s’était métamorphosée en une colère qui bouleversait son visage.

Elles ne l’avaient jamais vu que froid, maître de sol, et il se révélait soudain furieux sans cause définie.

N'était-il donc pas Émile Gatolat ?

Et pourquoi paraître si désolé qu’on l’ai pris pour lui ? Pourquoi cacher son nom ?

Autant de questions qu’elles étaient incapables de résoudre.

Quant à Armelle, presque défaillante, ses yeux glissaient de la figure du jeune homme au doigt mordu par Agal, et elle ne savait quelle contenance tenir.

Cependant, l’inconnu s’était repris. Passant la main sur ses yeux, il s’était rassis devant son chevalet mais sa palette et sa brosse semblaient serrées par des phalanges sans ressort.

Il murmura avec effort :

— Je vous demande pardon.

Cécile s’en voulait d’avoir trahi