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rêve, sachant que tout s’opposait à ce dangereux penchant. Elle regrettait les jours où elle ne connaissait rien de ces moments troublants.

Une autre Armelle était née.

Puis, soudain, la volonté de sa tante la dominait et elle se disait : tant mieux, si c’est celui-là à qui je plais ! Je pourrai le faire souffrir tout en ne le regrettant pas.

La cruauté naissait.

S’il avait été de notre monde, j’aurais hésité, mais ainsi, je puis le bafouer sans que je sois répréhensible.

La pauvre Armelle se donnait ces raisons qu’elle savait ne pas être valables.

Émile Gatolat !

Ce nom plébéien dansait en lettres de feu devant ses yeux. Ah ! si sa tante soupçonnait cette terrible aventure. de quel œil courrouce elle eût toisé cet audacieux.

Pourquoi était-il entré dans sa vie ? Il avait fallu qu’elle ouvrit ce jour-là cette porte du parc pour que ce passant se trouvât là.

Mais toutes les réflexions d’Armelle ne pouvaient atténuer le sentiment triomphateur.

Son esprit n’était plus qu’un chaos, qu’une tourmente où tout était anéanti, saut cette floraison extraordinaire qui avait jailli de son cœur neuf. Elle appelait à soi toutes les conventions mondaines, tous les formulaires de bienséances pour s’y réfugier, mais elle ne pouvait se soustraire à l’influence insidieuse qui la transformait.

Pourtant elle devait lutter pour briser jusqu’à la moindre parcelle de cette éclosion.

— Armelle, tu oublies l’heure ?