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AUTOUR D’UN CANDIDAT

papillons bleus se posaient sur des fleurs, mais il ne les voyait pas. Ils dansaient en groupe devant lui, mais le discours de sa mère le hantait trop.

— Ce n’était pas la peine de gâter mon séjour ici par une telle tempête ; je suis submergé, envahi, presque englouti par une idée aussi extraordinaire.

Dans sa marche inconsciente, Alfred se retrouva presque devant le mur de la propriété. Il ne reconnut même pas Jeanne qui rentrait d’un bon pas.

Elle l’interpella :

— Alfred… vous devenez aveugle ?

— Non… oui !… ah !… je ne vous avais pas vue…

— Je m’en doute… Je suis contente de vous rencontrer… vous allez m’aider à porter ce paquet…

Alfred s’aperçut seulement que la jeune fille était chargée. Elle revenait de chez une malade et s’était offerte à lui faire repriser quelques hardes. Elle portait un ballot de vêtements…

— Je… je vais le prendre… répondit Alfred machinalement.

Il était si troublé, si mal à l’aise, que Jeanne ne pouvait pas ne pas s’en apercevoir.

Elle lui demanda :

— Que vous est-il arrivé ?

— À moi ?… mais rien du tout… je pensais que… je pensais…

— Allons, reprenez vos esprits !… vous avez sûrement manqué une belle proie aujourd’hui pour être dans un état pareil.

— Non… non… ce n’est pas cela…