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AUTOUR D’UN CANDIDAT

Elle ne répondait pas, parce qu’elle étouffait d’indignation. Ces mères lui paraissaient de coupables personnes qui nuisaient à leurs filles. Elle cherchait une réponse convenable et elle lança sans à-propos :

— Quelle heure est-il donc ?

Mme Lydin la foudroya de l’éclair de deux yeux fulgurants et il fallut toute la bienséance mondaine, tout le cadre du château imposant, pour qu’elle gardât une impeccabilité de bon ton.

Mme Gémy profita de son désarroi pour lui exposer qu’à 6 heures du soir, elle tenait à rentrer dans sa chambre pour y dire un chapelet.

Elle s’excusa près de Mme Lydin et disparut rapidement, comme si elle n’avait entendu aucune des paroles révélatrices.

Mme Lydin la suivit du regard, clouée au sol comme une statue de la stupéfaction. Elle trouva que cette mère était d’une rouerie insondable.

Elle se dit que le fils serait plus facile à capter et elle se promit de ne pas se laisser dépasser par Mme Lavaut.

Elle regagna le salon et elle y vit tout le monde rassemblé, sauf Mme Gémy.

Dans l’un des angles étaient réunis Marcel et les trois jeunes filles, ainsi qu’Alfred. Ils étaient gais et paraissaient insouciants.

Isabelle riait de toute sa jeunesse, avec naturel.

Mme Lydin, satisfaite, s’assit dans le groupe des personnes graves.

M. de Fèvres racontait la promenade qu’il avait effectuée en compagnie de M. Lavaut.