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cinéma !… cinéma !…

si grande place dans son imagination. Elle s’était reculée à temps devant le gouffre, et jamais personne ne saurait jusqu’où elle aurait pu descendre.

Le lendemain, elle pensa de nouveau à la visite de J. Laroste, et naturellement elle établit une comparaison entre Henri Elot et lui. Puis elle se trouva sotte de les mettre en parallèle. Tout les différenciait.

Sa mère ne tarit pas d’éloges sur son compte, le lendemain. Naïvement, elle dit :

— Je croyais qu’Henri Elot était un as, mais ce M. Laroste le laisse dans l’obscurité. L’ennuyeux, c’est que ces hommes qui sont si bien ne font pas des maris. Il semble qu’ils font exprès d’être séduisants pour qu’on les regrette.

Claudine, qui commençait à avoir des sentiments plus positifs dit :

— Tu penses bien, m’man, que M. Laroste n’est pas un parti pour moi. Il est d’un monde supérieur, il a de la fortune et une situation brillante.

— Au Gabon, ma petite, au Gabon, cela diminue le brillant !

Claudine rit et se leva pour s’en aller. Elle travailla de tout son cœur à terminer une robe de soie bleue et repartit à midi, l’âme sereine.

On entrait en mai. Le ciel était sans nuages, et en passant dans un jardin, la jeune fille respira le parfum des fleurs.

Elle aurait bien voulu s’asseoir sur un banc pour jouir de l’atmosphère odorante et paisible qui l’environnait, mais l’heure lui parut trop proche du déjeuner.

Comme elle allait franchir le portillon qui donnait sur la rue, elle vit Jacques Laroste.

— Je vous guettais ! dit-il sans ambages. Avez-vous quelques minutes à me consacrer ?

Elle sourit en répondant :

— Je me disais justement que je craignais d’être en retard pour le repas familial !