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cinéma !… cinéma !…

— C’est inouï ! Tu t’y attendais ?

— Ma foi, non ; j’étais loin de m’attendre à sa décision.

— Il t’aime donc ?

— Il faut le croire.

— Ma petite fille, que je suis contente !

Claudine regarda sa mère et dit lentement :

— Tu sais, m’man, je partirai pour le Gabon.

Interdite, Mme Nitol s’écria :

— C’est vrai ! mais j’espère que, maintenant, il ne pensera plus à quitter la France.

— Il ne peut faire autrement.

— Oh ! je ne veux pas que tu nous quittes ! N’avoir plus d’enfants, ce serait trop terrible pour nous.

— Chaque avantage comporte son revers.

La joie de Mme Nitol s’en était allée et des larmes perlaient à ses yeux.

— Mais, m’man, lui dit Claudine, nous nous reverrons. Je serai ravie de voyager. Pense à mon frère qui est parti pour toujours, et heureusement pour nous tous, ajouta-t-elle avec un frisson.

Mme Nitol arrêta ses larmes.

— Tu as raison, murmura-t-elle, je dois m’estimer heureuse. Il se peut que M. Laroste ne fasse qu’un séjour assez court dans ce pays lointain, et ensuite, tu vivras en Seine-et-Marne.

Elle était toute rassérénée, et Claudine subit le contre-coup de ce revirement. Elle se sentit subitement tout heureuse et s’avoua qu’elle avait toujours eu une prédilection pour Jacques Laroste.

Ce qui caractérisait cette sympathie, c’est qu’elle se jugeait en sécurité près de lui. Une grande confiance la portait vers lui, confiance qu’elle ne ressentait nullement près d’Henri Elot.

— Ce qui me plaît, dit-elle à sa mère, c’est qu’il me semble que je l’ai toujours connu. Il comprend tout à fait mon caractère et il sait que je n’ai aucune arrière-pensée. Je peux parler librement avec lui,