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cinéma !… cinéma !…

prière. L’hypocrisie dans laquelle elle vivait scellait ses lèvres et elle contemplait avec indifférence tous les rites qui se passaient à l’autel.

Aucune émotion ne traversait son cœur, parce que devant elle, brillait le film évocateur des plaisirs ter­restres.

— Je suis contente que tu sois venue à la messe avec moi, ma petite fille.

Claudine ne répondit pas. Reprise par son rêve, elle contenait sa joie qui eût éclaté peut-être impru­demment, ayant insinué que son après-midi serait une corvée. Il ne fallait donc pas se montrer d’une gaîté expansive.

Après le déjeuner, elle s’habilla avec soin, revêtant sa jolie toilette qui lui sembla somptueuse. Elle ne regretta pas l’argent qu’elle y avait dépensé.

Sa mère l’admira et lui dit :

— Je ne suis pas étonnée qu’on veuille te la copier.

Elle se couvrit d’un manteau et partit. Elle se diri­gea vers la salle de spectacle indiquée et choisit un fauteuil dont la place était vide, à sa droite.

Jacques Laroste n’était pas encore là, mais, par chance, le fauteuil ne fut pas occupé. Un voisin s’ins­talla à sa gauche, puis l’obscurité se fit.

Un frisson de plaisir traversa Claudine et elle fut toute au spectacle. Cependant, elle remarqua un couple devant elle qui ne cessait de s’embrasser silen­cieusement. Un peu plus loin, une dame provocante essayait de séduire son voisin par des agaceries non déguisées. Claudine en fut choquée, mais elle le fut bien autrement quand elle sentit sa cheville enserrée par une main. Elle eut un réflexe qui la fit se dresser avec un cri. Son voisin se leva brusquement et dis­parut, tandis que des spectateurs murmuraient : « Silence ! silence ! »

Claudine retomba sur son fauteuil, et, à sa droite, la voix de Jacques Laroste s’inquiéta :

— Qu’y a-t-il donc ?