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cinéma !… cinéma !…

vagations de femme incomprise qui se croit toutes les possibilités de talent. Il voyait les yeux papillo­tants et s’apercevait de la parole qui s’embrouillait quelque peu. Il se demandait, un peu inquiet, quel accueil elle recevrait dans sa famille. Comme elle parlait toujours, sans avoir l’air de vouloir partir, il lui dit :

— Ma bonne Claudine, reposez-vous un peu, puis je vous reconduirai.

Elle sursauta :

— Je ne veux pas m’en aller ! Je suis si bien chez vous ! Ce salon me plaît tellement ! Je me sens chez moi. Jacques, Jacques, inventez quelque chose pour que je ne parte pas !

— Allons, enfant, ne pleurez pas ; vous savez qu’il faut rentrer chez vos parents.

Il la détacha du fauteuil où elle se cramponnait et la mit debout. Elle ne se sentait pas très à l’aise sur ses jambes et vacilla un peu.

— Oh ! que j’ai mal à la tête !

— L’air vous fera du bien.

Il l’aida à enfiler son manteau et l’emmena. Il héla un taxi, la fit monter et s’assit à côté d’elle. Som­nolente, étourdie, elle appuya sa tête sur cette épaule masculine et se serait endormie s’il ne l’avait pas secouée.

Elle gravit les étages sans trop savoir ce qu’elle faisait, mais, soutenue par le bras de son compagnon, elle put sonner à sa porte, alors qu’il disparaissait.

Sa mère vint lui ouvrir.

— Comme tu rentres tard, Claudine !

— Tard ?

— Mais oui, il est 20 heures, et au mois de novembre il fait nuit noire.

— Ah !

— Qu’est-ce que tu as ?

— Mal à la tête et au cœur.

— Vous avez donc beaucoup goûté ?