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cinéma !… cinéma !…

merveille. Elle regretta de n’avoir pas J. Laroste comme voisin, mais elle eut des voisines aimables avec qui elle échangea quelques mots.

Le spectacle l’enchanta. Les vedettes étaient con­formes à ses vues et leurs toilettes idéales. Elles se mouvaient avec grâce dans leurs intérieurs somp­tueux, et Claudine respira, soulagée. Son cœur, serré comme dans un étau jusqu’alors, se dilata et elle re­commença à vivre par l’imagination, oubliant tout ce qui n’était pas son rêve. La star principale avait un amour au cœur, et sans autre diplomatie, avec une certaine audace, elle l’avoua au jeune homme qu’elle aimait.

Il se passa une scène si convaincante pour le cas de Claudine qu’elle se résolut à tenter sa chance. Partant de ce principe que le cinéma était la copie de la vie, elle ne douta pas de la réussite.

Donc, ces deux jeunes gens s’aimaient et le ma­riage était sans doute sous-entendu, mais on n’en par­lait pas. Dans la suite du film, ils évoluaient comme deux époux, dînant ensemble, voyageant de compa­gnie, et s’embrassant dès qu’ils ne parlaient plus. Ils rentraient dans leur nid, capitonné de rose et de bleu, et déambulaient dans des appartements où, de temps à autre, un valet de pied en livrée apportait à Madame une lettre sur un plateau d’or.

Quelles délices ! Si Claudine faisait des concessions à son rêve en n’exigeant pas tout de suite un plateau d’or, elle comptait fermement sur le reste, c’est-à-dire un beau cadre avec un jeune homme élégant qui l’ai­merait à en perdre la tête. Elle se plaisait à évoquer la vie idéale dont il l’entourerait. Pas de soucis, pas de contrainte, seule la fantaisie la conduirait.

Alors qu’elle était dans les fumées de la fantasma­gorie, le film s’arrêta. Elle retomba dans la réalité, se demandant quelles étaient toutes ces personnes qu’elle coudoyait. Elle frissonna en se demandant où elle était.