Il faut que tu sois innocent pour t’imaginer que le ruisseau d’or coulait devant leur porte.
Impatienté, M. Nitol dit :
— Que décides-tu ?
— Mais rester chez vous tant que je ne saurai pas ce qu’est devenue la bande de copains.
— Et je tremblerai toutes les minutes en me demandant si la police n’est pas chez moi ?
— C’est un risque, mais je crois que tes craintes ne sont pas fondées. Les agents seraient déjà ici, s’ils avaient ma piste.
— Il est dur de parvenir à mon âge, après une vie honnête, d’entrer tout à coup dans un monde interlope, et conduit par mon fils ! J’en mourrai !
— Pas de tragédie, p’pa ! Si tu savais ce qu’est le danger, tu ne parlerais pas ainsi. Sais-tu ce qui te manque ? C’est d’aller un peu au cinéma. Tu te familiariserais avec les arrestations, les poursuites, les traquenards, et tu verrais que tout se termine bien et que des braves comme moi savent conquérir la vie.
— Entendre cela !
— Sois de ton temps ! Et Claudine, elle n’a pas encore déniché le bon dindon à plumer ?
— Ne mêle pas ta sœur à tes turpitudes !
— Oh ! là là, ma sœur est de son époque !
Mme Nitol reparut en disant :
— Claudine va mieux, mais elle ne s’arrête pas de pleurer en pensant à toi, Maxime.
— Elle a bien tort ! elle devrait être contente.
— Tu déraisonnes, Maxime, lui dit son père durement.
Mme Nitol murmura timidement :
— Il faudrait peut-être que nous allions nous reposer. Il est minuit, et Maxime doit être à bout de forces.
— Oh ! je n’ai plus l’habitude de dormir la nuit, et ce soir, je suis encore inquiet.