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Mais le front de Pauline s’était rembruni. Elle prit un air sévère et s’écria :

— Ila ! Vous n’êtes pas raisonnable. Vous avez dépensé en un soir la moitié de votre gain d’un mois.

— Davantage !

— C’est insensé ! Les glaces du pôle vous ont donc grillé la cervelle ?

Je pus clamer au milieu de mon fou rire :

— Pauline, je suis riche !

Mon amie sursauta.

— Quoi ? vous avez fait un héritage ?

Je secouai la tête négativement.

— Arrêtez-vous de rire, c’est assommant.

— Oui…, je…, je…

— Parlez raisonnablement, c’est insupportable !

En voyant Pauline exaspérée par mon attitude qu’elle jugeait incompréhensible, ma gaieté redoubla, mais je pus balbutier :

— C’est le bi… billet.

— Quel billet ?

Elle ne comprit pas tout de suite mais soudain, une lueur se fit dans son cerveau, et elle questionna incrédule :

— Auriez-vous gagné à la Loterie ?

Mon rire s’arrêta enfin et je répondis avec solennité :

— Pauline, vous avez maintenant, pour amie, une millionnaire.

Elle jeta sur moi un regard semblable à celui que m’avait lancé mon notaire, regard nuancé d’effarement, de doute, de crainte aussi pour le bon équilibre de mon esprit. Elle se recula légèrement comme elle l’eût fait devant une folle. Elle paraissait assez inquiète.

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