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phère de l’hôtel et de la ville ne me surprenaient plus. Je repris une attitude plus naturelle, plus souple, plus aisée. Je me retrouvais.

Je ne revis par le cinéaste, mais, dans l’après-midi, au moment où je prenais le thé, le jeune Amédée surgit à mes côtés et, de sa voix flûtée, il me lança :

— Bonjour, madame !

Il était seul. Je ne pouvais guère lui tourner le dos et je lui répondis :

— Bonjour, jeune homme ! Vous êtes-vous bien amusé ?

— Pas beaucoup, parce que je pensais à quelque chose que je veux vous demander.

— Je vous écoute, fis-je, avec une magnifique gravité.

— Eh ! bien, voilà : je voulais me marier avec maman, mais il paraît que papa est son mari. Vous, vous n’avez pas de mari puisque vous êtes toute seule, moi je n’ai pas de femme. J’ai pensé que nous pouvions nous marier ensemble et, comme ça, je serai tranquille.

Je ne pus maîtriser un fou-rire.

— Vous ne voulez pas ? cria mon jeune amoureux, blessé.

— Il faut que je réfléchisse.

— Dépêchez-vous, alors. Vous savez, nous partons tout à l’heure et j’aimerais mieux rester ici. Si j’étais marié, je ferais ce que je voudrais, comme papa, et vous diriez à maman : « Votre fils, il veut rester ici pour jouer ».

Je n’eus pas le temps de répondre à ces puériles

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