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line ? Il était temps que je la misse au courant de mon sort.

En pensant à tout ce que je pourrais lui dire, je me rendormis.

Ce fut Sidonie qui me réveilla en m’apportant mon déjeuner.

— Quoi ! c’est déjà vous ?

— Oui, mademoiselle. Il est neuf heures.

— Comment est-ce possible !

— Mademoiselle a donc veillé, hier ?

— Pas plus que d’habitude, mais j’ai mal dormi.

— C’est que mademoiselle n’a pas encore l’habitude des fiançailles.

— Que dites-vous ?

Je regardai Sidonie. Je m’attendais à lui voir une face, réjouie, mais-elle m’apparut plutôt soucieuse. Sa bonne figure simplette n’était nullement éclairée malgré le beau matin qui resplendissait. Je répétai :

— Sidonie, qui vous a dit que j’étais « presque » fiancée ?

— C’est donc vrai ? s’écria-t-elle, non sur le mode enthousiaste que j’étais en droit d’escompter, mais avec un cri où il entrait plus de consternation que de joie.

Elle me contemplait d’un air désespéré.

Je fus prise d’une légère inquiétude, fort légère, je dois le dire, car j’attribuai peu charitablement l’étonnement de Sidonie à une cause assez intéressée. Pour elle, fiançailles signifiaient départ prochain et avec moi s’enfuiraient de généreux pourboires. Je me promis de lui donner une petite somme

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