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COUPS DE FOUDRE


Aujourd’hui, cela ne me plaît pas du tout d’aller au bureau… Être toujours prête à la même heure, lire la correspondance, écouter les ordres d’un patron, taper à la machine et toujours à peu près les mêmes réponses… Cette routine me lasse… me lasse ! Ah ! être libre ! agir à ma fantaisie !

Pourquoi ne suis-je pas heureuse de mon sort comme la plupart de mes collègues ? Pourquoi suis-je si souvent la proie d’aspirations qu’à mes heures raisonnables je qualifie de stupides ? J’ai deux natures en moi, je crois, et, souvent, j’en accuse le prénom insolite dont mes pauvres parents m’ont affublée pour je ne sais quelles raisons.

Ila… je m’appelle Ila. C’est un nom norvégien, et c’est sans doute pour cela que je rêve d’espaces, que je préfère le froid à la chaleur et que mes songes se déroulent au milieu des mers glacées, des neiges et des icebergs. Et, chose curieuse, toute ma personne a, elle aussi, un petit air nordique. Mes cheveux sont pâles (« platine », assurent les coiffeurs), mes yeux verts, ma carnation blanche et rose. Cela me sauve du ridicule. Que serais-je devenue si le sort m’avait donné un visage d’Andalouse ou de Mauresque ?

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