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la vérité, mais seulement à ce moment. Naturellement, ce beau projet, romanesque s’il en fût, était subordonné à une rencontre inopinée comme il en arrive parfois et surtout en vacances.

Je me recommandai donc encore une fois à ma chère étoile qui me conduisait aussi sûrement que celle des Rois Mages.

La journée passa sans que le sieur Gustave s’égarât parmi les hôtes du Palace. Je ne l’entrevis que deux ou trois fois.

Le soir, il se trouva non loin de moi, à table, en compagnie d’un couple d’âge mûr. Il paraissait plein d’entrain, bien que réservé.

Son visage, qu’aujourd’hui je voyais de face, était fort sympathique — du moins se présentait-il ainsi à moi. Une ombre de moustache, au-dessus d’une bouche un peu dédaigneuse, des yeux longs, un nez mince, constituaient un ensemble qui me plaisait. Toutefois, je fus un peu désemparée par le dessin des lèvres qui me semblait l’indice d’une volonté un peu trop accentuée à mon gré. Le menton solide confirmait cette impression et mon cœur se serra. Je retrouvais mon coup de foudre et je craignais une nouvelle déception.

Aller d’échec en déception n’est pas une existence agréable. Je fis des efforts inouïs pour ne plus penser à ce jeune homme. J’avais réussi à « classer » cette affaire dans l’armoire aux oublis et j’étais fâchée de la voir ressusciter pour m’accabler de nouveau.

Non, aimer n’est pas un repos !

Le lendemain, je partis de bonne heure pour me promener et je ne fis aucune rencontre intéressante. Je ne revins à l’hôtel que pour déjeuner et je montai dans ma chambre pour me « refaire

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