Page:Fiel - Coups de foudre, 1947.pdf/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette question dans ses yeux et j’en étais un peu gênée.

Je me remis la première et, voulant parler à tout prix, je fis appel aux banalités.

— La saison est vraiment d’une beauté immuable…

— Oui, nous sommes privilégiés.

Cette réponse ne valait guère mieux que ma réflexion. Nous étions en pleine belle saison et nous ne pouvions guère nous prévaloir d’une faveur spéciale sous prétexte que le soleil brillait. Mais, tout est bon pour engager une conversation.

Je dis très vite :

— C’est la première fois que je viens à Aix et tout me semble merveilleux…

Un sourire amusé glissa sur les lèvres dédaigneuses et transforma le visage.

— Ah ! c’est la première fois !

— Oui… j’ai une sorte de rhumatisme au genou et mon docteur m’a prescrit une petite cure. Je ne suis ici que depuis quelques jours et j’éprouve déjà un réel soulagement.

— Votre jeunesse fera mieux pour vous encore que toutes les eaux thermales du monde.

— Espérons-le ! Je ne suis pas mécontente d’ailleurs de ce changement d’air. L’atmosphère de Lyon finissait par me peser, depuis vingt-deux ans que je vis dans cette ville, sans jamais la quitter.

— Vous habitez Lyon ? Moi aussi.

Il était resté debout devant moi et je n’osais lui dire de prendre une chaise, craignant qu’il ne me trouvât trop hardie.

Je repris, avec une certaine angoisse, voulant jouer le rôle que je m’étais fixé :

— 74 —