Page:Fiel - Coups de foudre, 1947.pdf/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah !

Il parut étonné par cette manière d’envisager les choses. Il s’était mis en règle avec sa conscience, c’est-à-dire qu’il ne m’avait laissé, quant à la suite de nos relations, aucune illusion. Il croyait donc pouvoir en toute simplicité et sans aucune arrière-pensée, obéir à son penchant qui était de jouir de ma société.

Ce n’était pas ce que je souhaitais. Je voulais qu’il tombât à mes pieds pour me déclarer son amour, toute pauvre qu’il me crût. L’argent n’est qu’un condiment et quand un homme a un peu de courage, il doit passer sur la pauvreté de celle qu’il aime et l’épouser sans s’occuper de son porte-feuille.

Le visage de M. Chaplène était un peu crispé, après cette exclamation, fort brève, mais grosse de réflexion.

Il reprit :

— Vous avez raison… Je ne songeais pas aux conséquences de ces promenades à deux. Il est en effet possible que notre bonne entente fasse jaser d’une façon ou d’une autre. Je manquerais de tact en insistant. Laissez-moi vous dire cependant que je regretterai votre absence.

— Vous êtes trop aimable ! murmurai-je, mi-souriante, mi-sérieuse.

— Non, je ne fais qu’exprimer ce que je ressens. Il me semble que votre sympathie m’est devenue nécessaire.

Un grand regret sonnait dans ces dernières paroles et j’en fus agréablement touchée. Mais il fallait songer au retour. Il m’en coûtait d’abandonner là M. Chaplène, mais ne devais-je pas me

— 86 —