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marthe fiel

— On dirait que je prépare un vrai coup d’État, alors que mes raisons sont justifiées.

— C’est tout de même du courage.

— Je ne trouve pas ! Si j’avais du courage, je resterais avec ma classe pour affronter le rire insupportable de mes camarades… Je préfère travailler, ce qui me coûte moins, plutôt que de me buter à leur stupide gaîté, presque toujours hors de propos.


VII


La famille Ladoume habitait Marseille, où les fils faisaient leurs études. Ils venaient à Saint-Donat pour les congés, dans cette propriété qui avait déjà appartenu aux grands-parents de Mme Ladoume. C’était pour les enfants un vrai bonheur que de regagner ce cher logis aux grandes vacances et à celles de Pâques, en regrettant que leur mère résistât pour les y amener au congé du nouvel an.

Mais en mère prudente, elle ne se souciait pas de les voir prendre froid dans les pièces que l’hiver avait refroidies. Retenir des enfants au logis et les empêcher d’aller dans la neige ou sous la pluie était une tâche herculéenne, quand il s’agissait de sept bons-hommes pleins de vie.

M. Ladoume avait, comme ami d’enfance, le bon M. Legrise, bonne pâte d’homme, et parfois les deux amis se rencontraient soit à Marseille, soit à Lyon. Cette année-là, M. Ladoume avait invité M. et Mme Legrise à venir passer une huitaine de jours à Saint-Donat. Il ne se doutait nullement de l’antipathie qui existait entre l’élève Bompel et son camarade Legrise.