Page:Fiel - L'élève Bompel, 1947.pdf/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
l’élève bompel

divertie par cet incident, s’offrit à surveiller l’enfant. Ainsi, Nil eut beau épier, il ne vit plus le frotteur et se rendit tout joyeux vers sa classe.

— Bonjour, Nil… il me semble que vous êtes bien en retard ?

— Je ne sais pas l’heure… il a fallu que je batte Guétard qui voulait me conduire…

— Battre ? c’est très laid !

— Laid ? C’est lui qui a été méchant. Je lui avais dit que je savais mon chemin, et il me suivait pour que je ne me perde pas. Quand il a été bien battu, il est reparti.

Ce jour-là, ce fut sa mère qui vint le chercher. Ordinairement, il revenait avec son frère aîné, les heures de retour étant souvent les mêmes. Nil aimait beaucoup être dans la rue avec sa mère. Il la trouvait toujours bien habillée. Bien qu’il eût le sens critique développé pour son âge tendre, il jugeait que sa mère était mieux que celles de ses camarades.

Seulement, il ne voulait pas lui donner la main, mais le bras, et il était convaincu qu’il réglait son pas sur le sien.

Il lui raconta son algarade avec le frotteur, et elle l’écouta, feignant de n’en rien connaître.

— C’est donc pour cela, dit-elle, que le pauvre homme n’a pu frotter son plancher aujourd’hui ! Il avait très mal.

Nil avait bon cœur, et cette phrase le frappa :

— Tu crois qu’il avait mal ?

— J’en suis sûre.

Nil sentait des remords. Il n’en dit rien cependant, mais quand il revit sa victime le lendemain qui était un jeudi, il entama la conversation :

— Alors, mon vieux, tu es guéri ?

— Oh ! pas tout à fait encore… mes bras ne sont pas encore solides…