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marthe fiel

tu la scène à maman, sous prétexte que Legrise était notre invité, et Raoul a passé pour avoir mangé trop de gâteaux… » Vous voyez, mon cher Nil, qu’il faut vous méfier… ce jeune garçon a le diable au corps…

Nil ne répondit pas. Lui qui avait l’horreur de la brusquerie et des actes violents, il était contrarié d’avoir à passer une journée avec ce cruel personnage. Il ne pouvait pourtant pas se dérober.

Le jeudi matin, Louis Legrise vint le chercher.

— C’est ton jour, aujourd’hui, eh ! l’ermite !

— Oui… qu’allons-nous faire ?

— Une promenade un peu lointaine ?

— Oh ! non… je n’aime pas beaucoup me fatiguer le jeudi, parce que le jeudi, j’ai à travailler…

— Tu es barbant avec ton travail ! On ne peut pas toujours tourner sur place…

— Il y a cependant assez d’espace dans la propriété… nous irons chercher les Ladoume…

— Non… ils répètent et ceux qui restent ne sont pas amusants… Tu seras obligé de te contenter de moi seul… Ça te gêne, hein !

— Pas le moins du monde…

— Tu sais… tu as été chic de ne pas me dénoncer pour le chat que je t’ai lancé… Je m’attendais à une attrapade, mais non… rien…

Nil, entendant ces mots, fut presque ému et pris de remords d’avoir douté de son camarade… Il se dit qu’il y avait tout de même du bon dans cette âme, et tout heureux, ne craignant plus rien en sa compagnie, il dit :

— Tu ne visais pas spécialement mon visage… alors, entre camarades, on peut se pardonner cela…