Page:Fiel - L'élève Bompel, 1947.pdf/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
l’élève bompel

La prudence de Nil était dans ces paroles. Son père n’insista pas, car il avait deviné la pensée de son fils.

Mme Bompel dit avec conviction :

— Vous donnez bien du souci à vos mères, Legrise et toi ! Depuis cette algarade de Mme Legrise à ton sujet, je suis très mal à l’aise. Il n’aurait plus man­qué qu’aujourd’hui elle t’accusât d’avoir mis le feu à ce hangar !

Nil se posait une terrible question. Connaissant les sentiments de Legrise, il se demandait si ce dernier, quand il aurait recouvré la santé, oublierait le destin atroce qui avait failli être le sien, et s’il le dénonce­rait, lui Nil, comme le coupable de ce drame ?

Un frisson courut le long de l’échine du jeune garçon et dans cette appréhension, il eut le geste de repousser son assiette, mais il se reprit et, de nouveau se confia à Celui qui dirige les vies.

Il termina son repas tranquillement, et laissa ses parents, ainsi que M. Tradal, épiloguer sur ce douloureux événement.

Le lendemain, il reprit ses cours. Avant de commencer sa leçon, son professeur lui dit :

— Vous n’avez aucune idée sur la manière dont le feu a pris ?

— Oh ! si, j’ai une idée, mais ce serait mal de ma part d’affirmer un fait dont je ne suis pas sûr… et il vaut mieux, dans ces cas-là, user de prudence…

— Cela m’aurait surpris que vous n’ayiez pas quelque lueur à ce sujet ! Quant à moi, je suis étonné que Legrise se soit trouvé dans cette mansarde.

— Dieu nous mène…

— Oui, mais tous vos amis étaient en train de goûter et il est gourmand. Que faisait-il ?