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marthe fiel

La réponse était un peu dure, mais Nil disait toujours ce qu’il voulait faire entendre. Il s’était assez retenu pour qu’une phrase lapidaire sortît de sa bouche. Il était foncièrement ému et satisfait du repentir de Legrise et souhaitait qu’il s’amendât sincèrement.

On quitta le malade, dont les progrès vers la santé furent rapides à partir de ce moment. Débarrassé de ce fardeau moral, il y joignit une communion fervente qui l’apaisa encore.

Puis les Legrise repartirent pour leur campagne habituelle, en attendant la rentrée. Leur séjour s’était allongé par suite des circonstances, mais personne ne le regretta, parce que leur fils ayant changé d’allures, sa compagnie devenait un plaisir.

Nil continua ses cours, et si son professeur lui parlait parfois de son camarade, il écoutait de sa manière profonde et répondait :

— Il est merveilleux de constater que l’homme a peu de chose à faire. Tout vient à son heure, et parfois les événements qui nous paraissent saugrenus deviennent les instruments de réparation.

La rentrée survint et l’ambition de Nil se réalisa. Quand son examen d’entrée fut passé avec succès, le directeur le fit appeler.

— Ainsi, élève Bompel, vous avez réussi à ce que vous vouliez ! Vos anciens condisciples sont laissés en route, et vous allez faire peau neuve.

— Je l’espère, Monsieur…

— D’ailleurs, vous me paraissez moins ironique et peut-être moins sûr de vous…

— C’est l’âge, Monsieur ! riposta Nil avec son sourire en coin.

— Ah ! je vous retrouve !