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marthe fiel

— Détrompe-toi, j’y ai trempé les pieds…

Paul rit en répondant :

— Tu n’avais donc aucune invention en train pour te livrer à une pareille fantaisie ?

— Justement, je tentais une expérience… Je voulais savoir si le bien-être ressenti compenserait cette perte de temps… Je n’ai rien éprouvé que l’écœurement de remuer la vase du fond… Aussi je m’en tiens à mes bains chauds…

Après avoir contemplé les jeux des poissons rouges, Nil emmena Paul vers les baraques à lapins.

— Ici, mon vieux, réside ma plus douce distraction… Quand je veux un quart d’heure de paix animale, végétative, je m’assieds dans cet enclos, où gambadent seize lapins… Je les ai apprivoisés au moyen d’herbes choisies, de tranches de carottes et de croutes de pain… Tu vas voir quel accueil ils vont me faire…

Nanti de quelques touffes de luzernes, Nil s’approcha de l’enclos dont il ouvrit la porte. Sitôt que les lapins l’aperçurent, ils bondirent au-devant de lui.

Les deux amis prirent comme siège, un peu de foin propre et s’assirent. Les bestioles, devant eux, se pressant, se bousculèrent, happèrent des mains de Nil la provende attendue… Quand ils eurent terminé de brouter, ils restèrent là, dans des poses variées. Les uns, sur leurs pattes de derrière, comme des kangourous, les autres se lavant le museau, les autres encore, allongés… Puis soudain, l’un bondissait sans raison apparente, suivi par trois ou quatre de ses compagnons. Leurs petits nez bougeaient, leurs oreilles pointaient ou se rabattaient, et leurs yeux curieux ne perdaient aucun mouvement.