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Quand Louis aperçut Léone, il se précipita et s’écria :

— Je t’ai fait attendre, excuse-moi, j’ai rencontré un camarade qui m’a happé. Heureusement, il ne suivait pas mon chemin.

— Ne t’excuse pas, je viens d’arriver et j’étais fort bien sur ce banc. Le soleil nous gâte, il a rejeté toute la brume.

— Voici l’été devant nous.

— Oh ! pour ce que les mineurs en profitent !

— Mais on est si content de le sentir quand on remonte du puits, et on l’apprécie d’autant plus qu’on le voit moins longtemps. Et maintenant nous remontons avant 16 heures, alors qu’il y a quelques années la sortie était plus tard.

— C’est vrai, mais cela ne vaut pas le travail à l’air, dit Léone rêveusement.

— C’est vrai, murmura Louis, mais nous n’en avons pas l’habitude, et il faut rester là le sort vous a placé. J’aime la mine et mes compagnons, et si nous n’avons pas le soleil pour nous égayer, nous sommes bien en famille.

Louis avait raison de défendre son métier. Il l’aimait et c’était le secret de le bien faire.

Il y eut un petit silence, puis Louis reprit, la voix légèrement oppressée.

— Léone, j’espère que tu as dû t’apercevoir que je tenais bien à toi. Depuis l’enfance, mon affection a grandi et je crois ne pas pouvoir passer mon existence sans toi.

Le moment pénible était venu.

Léone constatait l’émotion du jeune homme, et mesurait son amour. Elle était navrée de le peiner mais elle ne pouvait s’imaginer de voir s’écouler ses jours dans un pays auquel elle ne trouvait plus d’attraits. Cependant aucun mot ne lui venait pour adoucir son refus.

— Louis, murmura-t-elle enfin, je voudrais te voir heureux, puisque tu m’assures que de ma réponse dépendra ton bonheur. Malheureusement depuis longtemps, ce pays me cause un malaise, mon âme ne peut s’y dilater et la vie m’effraie sous ce ciel si peu lumineux.

Louis Terla avait pâli. Bien qu’il entendît les paroles de Léone, à l’égard de la cité minière, il ne s’attendait pas à ce que son amour fût repoussé.

Elle vit combien son chagrin était profond et un grand regret lui vint de le lui avoir causé.